"La nouvelle priorité est la relance de la relation entre l'Union européenne et le Royaume-Uni" - Entretien avec EuropaNova


La nouvelle priorité est la relance de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Nos histoires et valeurs communes continuent de nous unir et la coopération est nécessaire dans le paysage géopolitique du XXIème siècle. Ce sont les Français et les Européens au Royaume-Uni, les Britanniques en France et dans l’Union européenne qui retisseront les premiers liens, accompagnés par la société civile dans son ensemble.

Retrouvez notre entretien avec Alexandre Holroyd, député de la troisième circonscription des Français de l'étranger.

1/ Vous êtes député des Français établis outre-Manche et avez suivi de près les négociations liées au Brexit dans vos travaux à l’Assemblée nationale. Comment décririez-vous le sentiment des Français vivant au Royaume-Uni aujourd’hui ? Alors que les tensions montent, comment voyez-vous l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’UE ?

« On reconnait le bonheur au bruit qu’il fait quand il s’en va. ». Cet adage incarne le ressenti de la communauté française du Royaume-Uni face au choc profond du Brexit. Ce pays, qui pour beaucoup était plus qu’une terre d’accueil, qui était une communauté où ils avaient choisi de construire leur vie et leur famille leur a paru du jour au lendemain moins accueillant. La perception du Royaume-Uni en tant que pays accueillant, ouvert et épris de liberté et de diversité a souffert du Brexit.


Cette rupture a eu des conséquences très directes et concrètes dans la vie quotidienne des Français établis au Royaume-Uni, notamment la remise en cause de leurs droits les plus élémentaires. C’est dans l’optique de protéger ceux-ci que le Brexit a été et reste encore un sujet essentiel de mon mandat. Aujourd’hui le respect de l’accord de retrait et de l’accord commercial qui encadre les relations futures est devenu un sujet vital.

 

La nouvelle priorité est la relance de la relation entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Nos histoires et valeurs communes continuent de nous unir et la coopération est nécessaire dans le paysage géopolitique du XXIème siècle. Ce sont les Français et les Européens au Royaume-Uni, les Britanniques en France et dans l’Union européenne qui retisseront les premiers liens, accompagnés par la société civile dans son ensemble.

 

Les associations comme le Conseil Franco-britannique, les partenariats universitaires et les échanges scolaires ne sont que certains des acteurs de cette nouvelle relation renforcée. Le prêt de la Tapisserie de Bayeux, promis par la France au Royaume-Uni, symbolise la solidité de notre relation millénaire qui a vocation à perdurer.

2/ Il y a trois ans, vous cosigniez une proposition de résolution européenne en faveur d’un approfondissement de la zone euro. Quelles sont les avancées qui ont eu lieu depuis, et que reste-t-il à faire ?

L’approfondissement de la zone euro est une question existentielle non seulement pour la stabilité de nos économies mais aussi pour leur financement. Cet approfondissement doit se traduire par une politique budgétaire commune plus forte qui assurerait la réussite de notre union monétaire. L’UE a tous les outils en main pour promouvoir un système financier stable et plus intégré.

 

Des progrès gigantesques ont été réalisés : le plan de relance NextGeneration EU, la consécration du principe de levée de dette commune, le mécanisme SURE de soutien aux assurances chômage nationales etc. Ces réalisations étaient presque inenvisageables il y a à peine trois ans. La solidarité face à la crise sanitaire a permis un changement de paradigme. Evidemment, ce n’est qu’une étape, et les prochaines sont intrinsèquement liées à la réussite du plan de relance.

 

D’un point de vue technique, la réalisation de l’union des marchés des capitaux et de l’union bancaire est essentielle pour assurer la mise en œuvre d’un véritable système bancaire européen nécessaire au financement de notre économie. Ces réformes sont aussi l’occasion de passer à une économie plus propre et plus verte : le secteur financier de l’UE en sortira plus efficient, plus résilient et plus durable.

3/ En 2020, vous avez remis au Gouvernement un rapport intitulé « choisir une finance verte au service de l’accord de Paris », évaluant les meilleures pratiques en la matière au sein de l’UE. Quel rôle l’UE peut-elle jouer pour soutenir la finance verte, à travers quels outils et pour quels résultats ?

L’État français et l’UE viennent d’engager des plans de relance massifs pour relancer l’économie et la transformer vers un modèle durable et neutre en carbone. Les besoins en capitaux nécessaires pour faire émerger l’économie verte de demain et accompagner la transition de nos acteurs existants sont colossaux car les chantiers le sont tout autant (verdissement de notre parc immobilier, de notre industrie, préservation des ressources naturelles, protection de notre biodiversité, évolution du mix énergétique ...). La finance a un rôle majeur à jouer dans ce combat pour faire émerger l’économie verte de demain et accompagner nos acteurs économiques dans cette transition.

 

Nous ne réussirons pas la transition écologique sans mobiliser l'épargne privée. Les Français expriment aujourd’hui de plus en plus leur volonté d’agir contre le réchauffement climatique. La finance verte, finalement, c’est avant tout mettre notre épargne en adéquation avec nos valeurs pour construire le monde et la société que nous souhaitons pour nos enfants.

 

J’identifie aujourd’hui 3 priorités pour permettre à la finance verte de se développer et de changer d’échelle. D’abord un besoin de normalisation, pour se mettre d’accord sur une définition et une grammaire communes. L’échelon européen étant, par définition, plus opportun pour fédérer autour de cette définition commune.

 

La deuxième priorité concerne le reporting de la donnée financière. Nerf de la guerre de la finance verte, il est urgent de renforcer sa qualité, sa comparabilité et son accessibilité. Cela permettra d’améliorer la robustesse de l’ensemble des analyses qui en découlent et donc de mieux orienter les flux financiers et crédibiliser les engagements pris par les acteurs financiers. L’Europe peut revendiquer son avance en matière extra-financière, et il est légitime qu’elle joue un rôle de premier plan et soit standard-setter pour l’extra-financier. La révision de la Non-Financial Reporting Directive (NFRD) est déterminante pour réussir cet objectif.

 

Enfin, la recherche et l’innovation doivent nous permettre de faire de la finance verte la norme de la finance, et non l’exception, en créant les outils financiers dont nous avons besoin (indicateurs de température, base de données extra financières...).

 

La COP26, prévue à Glasgow, est un excellent exemple de l’impératif absolu de la bonne collaboration entre l’Union européenne et le Royaume-Uni. Il s’agit d’une échéance essentielle, notamment pour avancer collectivement sur les sujets fondamentaux que sont le reporting et la finance biodiversité. Cette collaboration devra impérativement se poursuivre afin que l’Union européenne et le Royaume-Uni continuent d’œuvrer pour renforcer leurs ambitions en matière climatique et environnementale.

 


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